fill the void — sacha

{ outfit + song } À l’instant où les freins ont crissé, les roues se sont immobilisées. Le moteur se coupe, et le conducteur scande l’arrivée à Wetherfield, première escale du voyage. Petite ville pittoresque du Connecticut, elle a tout pour capter l’attention des amoureux du charme de l’ancien et de la nature florale. Les quartiers arborent une architecture plus artistique, les murs peinturés, fleuris, sous des appartements et des maisons tout aussi beaux. Le climat y est agréable, le bon temps est présent. Sans plus de cérémonie, la belle rassemble ses affaires qu’elle glisse dans son sac à main noir qu’elle accroche à son épaule droite. Vêtue tout de noir, tenue décontracté, elle ne fait aucun effort vestimentaire. Elle n’aura aucun cliché instagram a posté, hormis un paysage quelconque pour donner l’illusion de son réel intérêt de l’environnement.

Premier pas déposés hors du bus, et c’est en louve solitaire qu’elle s’aventure dans la ville. Marche droit devant elle, sans grande conviction, sans but précis. P’tain, il fait lourd, bordel. Pensée qui lui traverse l’esprit, et rapidement elle comprend qu’elle devra trouver un point de chute pour s’hydrater avant de retourner en balade pédestre. Dans un soupir, elle se passe une main dans sa chevelure avant de pianoter sur son écran afin de dénicher une bonne adresse où elle pourra se poser pour boire et pourquoi pas manger. Se laissant porter par le GPS, elle arrive rapidement devant la devanture d’un petit café où il est possible de s’asseoir en terrasse sous un parasol. — Hum ..., souffle-t-elle distraitement d'une voix calme. Les yeux rivés sur la carte, elle extirpe de son fumoir un joint qu’elle coince entre ses lèvres pulpeuses. Cliquetis du zippo en argent, la pierre craque et embrase l’objet fumant d’une flamme qui crépite en son extrémité. Tire la première taffe, recrache la première fumée aphrodisiaque. Hésite, ne semble pas parvenir à faire un choix sur les diverses propositions de l’établissement. Réflexion embrumée sous le nuage vaporeux qui s’élève discrètement et se mêle à douce brise estivale d’un mois de juillet.

( C ) NOCTEM

Comme une sensation de non-retour, la route déjà tracée loin devant toi. Tu y étais, tu ne pouvais plus faire machine arrière. L'envie de tout refaire, reconstruire l'inconstructible. L'excitation de la curiosité érigée, la méfiance d'une confiance imprenable. Tu ne cesses d'hésiter sur ton sort, inhabitué à ne dépendre que de toi et de tes décisions. Mais tu ne peux rester figé, face à cette opportunité neuve, ne demandant qu'à être déballée.

C'est le regard perdu sur les autres bus, que tu restes planté. Écœuré de chercher des réponses sans en comprendre les questionnements. Sortir. Motivé par un coup de pied au cul mental qu'il est temps de te faire sentir. L'appareil constamment accroché à ton cou, tu te rends vite compte que tu étais déjà prêt. Wetherfield t'ouvre déjà ses bras, peinturée de lieux artistiques, détournée d'une époque lointaine, prête à se donner à toi, se figer dans un moment éternel. L'observateur s'est enfin réveillé. Tu descends de cette cage en métal dorée, pour t'ouvrir à ce nouveau monde inconnu. Tu déambules lentement, tel un oiseau tout juste libéré, qui n'ose pas prendre son envol. De façon automatique, tu captures des morceaux de ce que tu perçois, attaché à l'habitude pour y retrouver un confort.

Progressivement amusé, ton œil ne quitte le viseur, attaché aux mouvements latéraux, aux paysages qui défilent. Si c'était un flingue, tu serais le pire chasseur, indiscret et trop perturbable. Et si la silhouette que tu vois au loin était une proie, tu n'en ferais qu'une bouchée.

Âme égarée sur le bord d'une terrasse, tu l'avais aperçu lors de la réunion d'avant départ, guépard investigateur, tu n'avais parlé à personne. Réaliste, tu savais que d'ici quelques minutes, ton viseur n'aurait plus rien à se mettre sous la dent. Et tu savais pour toi-même, qu'elle avait tout d'un parfait modèle. Le naturel accroché aux talons nonchalants, une peau aux nuances teintées de légèreté et cette pointe sombre, soulignant l'obscurité de ses cernes.
Coupé par son joint tout juste sorti, tu ne peux t'empêcher de te dire que le moment est propice. Caprice incalculé, aises écartées, tu te traînes jusqu'à elle, l'esprit en effusion sur tes prochains agissements. C'est dans un élan sorti de ton épaisse carapace que tu t'installes à sa table, faussement décontracté. « Un petit verre ? Ça doit donner soif, ce truc. » Sans prétention, poussé par l'excitation de la nouveauté, tu lui prends d'entre les doigts pour le porter jusque ta bouche. Incertain et crétin adolescent, tu tires dessus en y laissant des bouts de poumons. Premières fumées caressant tes poumons juvéniles.


( C ) NOCTEM

{ outfit + song } L’indécision accrochée à ses pensées torves, la brune accepte de se poser à la terrasse. Se laisse séduire par une croyance délictueuse où son choix viendra. S’énoncera aisément contre toute attente, sans l’avoir prémédité. Mouais, on peut y croire. Pessimisme jamais bien loin, il clignote et s’active. Se manifeste tel une lumière rouge défectueuse, pas totalement en état de marche mais pas hors service pour autant. Elle s’éloigne de la vitrine pour prendre place à une table en terrasse, sur laquelle une carte des menus et boissons y est initialement déposée. D’un coup d’œil rapide, elle laisse ses mirettes survoler les intitulés en quête d’une boisson fraîche et alléchante pour l’aider à survivre à la température estivale.  L’objet fumant entre les doigts, elle s’apprête à tirer une nouvelle bouffée lorsqu’elle entend soudainement une voix masculine s’élever. Et tout va très vite. Entre le moment où il s’installe face à elle, puis lui dérobe son joint qu’il porte aux lèvres sans aucune gêne.

Elle cligne des yeux, le choc l’étrangle si fort qu’aucun son ne parvient à se frayer un chemin hors de sa gorge. Seul son visage consterné parle pour elle, lorsque le blond tire puis s’étouffe d’une fumée qu’il ne peut supporter, elle souffle du nez, agacée. Elle lève les yeux au ciel si fort qu’ils pourraient rester coincés derrière ses orbites. P’tain encore un crétin ! Après avoir rencontré Roman, le micro-minus qui a décidé de la suivre sur instagram depuis, elle qui ne sait pas comment est-ce qu’il l’a trouvé d’ailleurs.  Et voilà qu’un autre se ramène. Elle commence à les accumuler les idiots du village depuis le début de son aventure sur la route. Face à ce spectacle désolant, elle lâche un profond soupir avant de reprendre violemment sa propriété. — J’sais pas qui t’es, mais c’est la dernière fois que tu refais ça. Sinon … Elle s’interrompt brusquement, se mord les joues intérieures avant de fermer les yeux. Elle s’impose le calme tout en s’enfonçant contre le dossier de sa chaise. — Un mojito pour moi, tu invites. Elle rouvre les yeux, porte son joint aux lèvres pour en tirer une longue taffe qu’elle expire en direction du blond sans jamais le quitter du regard. Silencieusement, elle réitère l’action avant de lui tendre tranquillement le joint fumant.

( C ) NOCTEM