07.23 always take the dare

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just flip a coin cause i'm too bored to lie
@Roman Lockhart

R

OMAN
and
pip.

La seconde journée de Pip parmi l’équipage de vagabonds à bus s’achève, et avec elle commence sa seconde nuit. Le jour se noie dans la nuit, l’agitation diurne est peu à peu enveloppée par le faux calme nocturne. Sur le parking où sont garés les trois bus, les voyageurs se retrouvent de manière presque spontanée, forment de petits groupes qui s’agglutinent, certains autour d’un feu de camp improvisé, d’autres sur les marches des bus, et d’autres qui disparaissent et vont se promener à la recherche d’un fastfood, d’un bar ou d’une aventure plus excitante.

Pip est encore appréhensif, malgré son naturel chahuteur et le fracas dont il s’accompagne ordinairement. Il est toujours légèrement intimidé par les groupes dans lesquels il se sent toujours singulier. La faute à sa grande taille, à sa voie profonde, à cette vision exagérée qu’il a de lui-même. Il cherche encore sa place dans ce microcosme qui lui est étranger, même s’il sait que la plupart des passagers sont, comme lui, de parfaits étrangers les uns pour les autres. Cela lui rend la détente plus facile.

Après quelques hésitations quant à ses préférences pour la soirée, Pip finit par sortir du Mungo avec pour but de partir en expédition vers son foodtruck favori, et se dirige vers les groupes qui se sont amassés près du feu de camp. Depuis l’un des bus, on entend de la musique, le volume monté à fond permettant au son de se propager sur tout le parking et de compléter le son des conversations. Le jour qui s’obscurcit est complété par les lumières blafarde des lampadaires, dans lesquelles les silhouettes des uns et des autres se découpent. Quelques regards se croisent, et Pip sourit à une nouvelle connaissance lorsqu’elle lui annonce l’intention de plusieurs d’entre eux d’aller danser. On lui demande s’il veut se joindre à eux, il décline. Pip connait trop les quelques médiocres pistes de danse de la petite bourgade, et la perspective d’une énième soirée passer à s’enivrer et à danser sur un air des années 90 ne le fait plus rêver. Les danseurs abandonnent donc Pip et le feu de camp, aux quelques créatures qui sont elles aussi restées sur le parking.

Le visage fermé de Roman se tourne obstinément dans la direction opposée à Pip. Sa première victime est semble-t-il toujours vexée par la maladresse dont il a pu faire preuve la veille. Cet acharnement mis à l’ignorer provoque Pip, qui ne peut pas résister à l’envie d’être encore plus insupportable qu’il ne l’a déjà été. Il s’approche de Roman en faisant un petit détour de sorte à l’aborder de derrière, et lorsqu’il est suffisamment près du jeune homme, il pose son menton sur son épaule, et le nargue en chuchotant à son oreille : « Tu peux continuer de m’ignorer si tu veux, ça ne me fera pas disparaitre pour autant. » Et comme s’ils se connaissaient depuis toujours, comme s’ils étaient les meilleurs amis au monde, Pip enveloppe les épaules de Roman de ses longs bras enchanteurs. « Et tu es mignon quand tu fais la gueule, mais tu l’es plus quand tu es de bonne humeur. » Il ne prend pas le risque de laisser à Roman le temps de riposter car il sait qu’il est fautif, que c’est parce qu’il a trop poussé qu’il a réussi à se faire un ennemi en à peine vingt-quatre heures. Il veut éviter les reproches et les brimades, et préfère rester provocateur pour empêcher Roman de pointer un doigt accusateur en sa direction. Pip relâche le jeune homme et s’assied à ses côtés en le fixant sans sourciller, de cette façon intense qu’il a de faire parfois. « Pour ce que ça vaut, je suis désolé pour hier, tu sais. »

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⟣ soir iv ⟢

Un sourire béat sur les lippes. Les prunelles reflétant la danse des flammes, brillant d’extase de partager un autre instant convivial. Douces mélodies crachotées des enceintes recouvertes d’échanges et d’éclats de rires. Enivré de l’effervescence du moment comme tant d’autres, des quelques pintes partagées autour d’une discussion, des quelques pétards autour d’une drôle histoire, une anecdote.
Les quelques personnes avec qui il avait mangé un bout, avaient à présent d’autres projets. Comme pas mal de personnes qui semblent des lieux se disperser. Avachi au fond de cette chaise de camping qu’il n’a toujours pas restitué. Entre ses mains, un crayon et son carnet à dessin. Il l’a sorti de ce tote bag brodée de La Nuit Etoilée de Van Gogh à ses pieds. Ce soir, il n’avait pas tellement envie d’aller danser, il y avait été hier et à vrai dire, ça lui avait suffi. Ce soir, il espérait explorer d’autres horizons avant qu’ils ne voguent vers la prochaine destination. Il ignore où ça sera encore, il prend encore le temps à la détente et à la digestion.

Les poumons gorgés de l’air marin, l’air salin. Il allume le joint qu’il a roulé un peu plus tôt avant que chacun ne prenne son chemin. S’éloigner de tous les côtés, presque tous allant disparaître plus loin. Quelques bouffées inhalées, il dépose le cône dans le cendrier de fortune à même le sol avant de rouvrir son cahier. Nombreuses ébauches entamées qu’il n’a pas encore eu l’occasion de finaliser, de peaufiner. Le tout dernier étant celui dont il n’a su soutenir le regard toute la soirée…

Comment est-ce qu’il pourrait oser planter ses orbes au fond des siens après ce qu’il a fait hier matin? Il n’aurait pas dû réagir comme il l’a fait. Ça n’a jamais été son intention. Mais il avait senti son cœur bondir hors de lui, se fracasser par terre. Et bien qu’il ai tenté de le retenir comme il l’a pu… Il a conscience que son comportement était démesuré. Plus de peur que de mal, en réalité. Le nouvel arrivant n’avait pas mérité de se faire traiter aussi durement parce qu’il n’avait de tort que cette excitation communicative. Qu’il ne pouvait être blâmer de souffrir d’ignorance. Comment est-ce qu’il aurait pu savoir qu’il manipulait quelque chose de si précieux à ses yeux ? Qu’il avait un bout de son palpitant entre ses mains ?

La mine de graphite poursuit ses traits, cette figure qu’il a dérobé sur papier. Ce sourire qu’il a malgré lui affaissé… Et il songe une énième fois depuis que cet instant funeste s’est passé aux mots qu’il pourrait bien employer pour s’excuser. Depuis hier, le bon angle ne lui semble être approché. Alors, honteusement, bêtement, lâchement… il l’avait évité.

Il l’avait aperçu ce soir, l’avait quelques peu guetter quand il ne le regardait. Quand son attention était ailleurs ou par d’autres détournés. Tourmenté par sa culpabilité et ce désir de voir se propager autour de Pip cette précieuse topaze et ces nombreux reflets précieux qu’il aspire à débusquer. Cette jovialité qu’il dégage dont il se languit presque d’aller renforcer.

Demain. Il irait lui parler.
Durant le trajet, il ne pourra plus se défiler.

« Aaaah », c’est cette exclamation qui lui échappe en même temps que son crayon et son calepin qui tombent face contre le bitume. Quand il sent une personne alourdir soudainement son épaule. Son palpitant hors de ses lèvres en ce petit sursaut de surprise. Libérée, sa paume s’est aplatie contre son torse. Il n’a même pas le temps de se demander qui pourrait bien vouloir le surprendre ainsi. Qui pourrait vouloir attenter à sa vie en stupéfiant de la sorte qu’il entend au creux de son oreille un souffle venir le chatouiller. « Tu peux continuer de m’ignorer si tu veux, ça ne me fera pas disparaitre pour autant. », Ces mots précisément soufflé pour le faire frémir d’intrigue et d’anxiété. Son organe tambourine, trébuche sur cette course dérobée.

C’est Lui.

Celui-là même qu’il était en train de dessiner, celui à qui il était en train de penser…

Ses babines entrouvertes, il a brusquement, audiblement inspiré. Les orbes chocolats écarquillés. Cette fois, en sentant les bras du jeune homme encercler sa personne. Ses sens s’étourdissent, enrobé dans ce doux cocon parfumé. Sa saveur sucrée, acidulée venant l’inonder. « Je.. », il n’a pas le temps de lui dire qu’il est désolé. Qu’il n’a jamais ô grand jamais voulu l’ignorer au point qu’il vienne à cesser d’exister. Jamais il ne pourrait faire preuve de tant de cruauté. Surtout qu’elle n’avait lieux d’être ne serait-ce qu’un peu mérité. « Et tu es mignon quand tu fais la gueule, mais tu l’es plus quand tu es de bonne humeur. » Son cœur d’ores et déjà au galop semble bondir plus fort. C’est tout son être qui s’embrase de son injustice. De cette tortueuse et chaleureuse proximité.

Il a dit qu'il était mignon?

L’instant d’après, plus rien.
En possession vacillante de ses moyens, il s’est retourné pour faire face au néant. La caboche qui se tourne dans tout les sens. Pour le retrouver tout simplement assit sur l’autre chaise près de lui, à présent. Cette fois, Roman n’a aucun moyen de se détourner et à ce moment-là, c’est bien le cadet de ses soucis. Cette discussion n’allait visiblement pas attendre demain et après ce qu’il venait de lui glisser contre le tympan, il était hors de question qu’il attente plus longtemps. L’artiste ne pouvait laisser croire tels inepties à ce garçon.

« Pour ce que ça vaut, je suis désolé pour hier, tu sais. »

Il explose, Roman.
La caboche qu’il secoue vivement, négativement.

Il s’est levé pour s’approcher et s’accroupir à ses pieds. Ses prunelles gorgées de sa sincérité quand il lui prend une main entre les siennes. Cette patte si grande comparée aux siennes. « T’excuses pas, s’il-te-plaît », sa langue se déroule autour de ses origines un peu plus dans sa précipitation. « C’est moi qui suis terriblement désolé, je n’aurais pas dû réagir comme je l’ai fait. C’était inapproprié de ma part et une bien mauvaise façon de te souhaiter la bienvenue… », à genou, il l’implore de lui pardonner son excès. Tentant un petit sourire pour égayer quelque peu sa petite tentative de dérision. « J’ai jamais voulu t’ignorer et j’ai encore moins envie de te voir disparaître. Je ne savais pas comment venir te voir après… quoi te dire. Mais je suis vraiment désolé. Sincèrement… D’être devenu complètement taré.. », le silence est quelques peu prolongé face à cet aveu. Ses petites mains, pressant la sienne tout doucement pour appuyer ses propos. Tout ces mots qui depuis hier n’ont cessé de tourner en son encéphale. « Honnêtement, je suis grave désole. Tu peux tout toucher, je n’aurais pas dû te dire le contraire ni t’agresser comme je l’ai fait… », ce comportement était si loin de lui, de ce qu’il est.

Il s’était remémoré cette gouvernante coriace qu’il avait quand il était plus petit. Elle passait son temps à le poursuivre partout pour l’enguirlander, le brider. C’était la dernière personne à qui il avait envie de ressembler bien qu’il ait tout de même trouvé matière à l’apprécier.

« J’ai… j’ai juste eu peur qu’il tombe… », il fini par lui avouer, pressant une toute dernière fois sa main. Il la relâche tout doucement, encore sur ses lèvres ce sourire incertain. Il prend soin de ramasser son crayon et son calepin avant de reprendre place au fond de sa chaise. Cette fois, ce sont ses mains qu’il regarde. Ces mimines mouchetées de peintures et barré ci et là de pansement colorés. « Je ne t’en veux pas du tout, tu pouvais pas savoir... », il relève sa tête, les joues carmines. « Merci… de l’avoir rattrapé. »

( C ) NOCTEM

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Les tornades causées par Pip sont toujours – ou presque – accidentelles, et les dégâts occasionnés ne le sont jamais par méchanceté. Il est juste maladroit, trop grand, trop bruyant, et mal engoncé dans des bonnes manières qui ne lui conviennent pas, il commet des erreurs de parcours. C’est ce qui s’est produit la veille, quand il a manifesté trop d’enthousiasme à la vue de Roman et qu’il s’est permis de fouiller sans en avoir reçu la permission au préalable. Il aurait dû faire preuve de discernement et se dire que si on cache quelque chose sous ses draps, c’est qu’on ne veut pas qu’un grand imbécile vienne s’en mêler. Cela, Pip peut le comprendre. Il s’en moque, mais il peut le comprendre. Il a un peu plus de mal à interpréter le farouche dédain avec lequel Roman le traite depuis, l’obstination que met son jeune camarade à l’ignorer quelle que soit la situation. Il en est vexé, frustré presque qu’on le rejette ainsi. Après avoir passé quelques heures à se morfondre, Pip en vient à se ressaisir car, si Roman l’ignore de la sorte, c’est en réalité une machination, un stratagème vieux comme le monde destiné à inciter Pip à tout faire pour attirer l’attention de Roman et se faire pardonner. Et ça marche, et Pip le sait, et ça lui est égal de n’être qu’une victime de ce genre de piège. Il a trop besoin d’être aimé pour pouvoir accepter un tel rejet.

Quand Pip vient enlacer Roman, il le fait non sans tendresse, bien qu’elle soit masquée sous une épaisse couche de provocation, comme c’est toujours le cas avec lui. La rose après les épines, les ronronnements après les griffures. Il sait faire, ronronner, charmer, creuser l’échine et réclamer les tendresses de ceux qu’il a agacés. Mais cette fois, Pip y met les formes et le pardon est demandé explicitement, le remords est formulé haut et fort. Il ne connait pas assez Roman pour savoir quel subterfuge employer pour gagner son cœur, et n’a d’autre choix que de faire preuve d’une humilité sincère.

A la grande surprise de Pip, c’est pourtant Roman qui tombe à ses pieds de et non l’inverse. Il ne peut que suivre du regard le jeune qui abandonne sa chaise et s’accroupit devant lui. Si l’objectif est de faire taire Pip, c’est une réussite. Pantois, il laisse Roman prendre sa main dans les siennes et dérouler une longue cascade d’excuses qu’il n’interrompt pas. Il se contente d’écarquiller les yeux et de se redresser sur chaise lorsque Roman attrape sa main, un poil déconcerté par ce contact soudain initié par quelqu’un d’autre que lui-même. « Enfin ça va. » se contente-t-il de ronchonner face à cette effusion. « Tu n’as rien fait de mal. » Il essaie cette fois-ci de hausser la voix pour se faire entendre mais Roman ne semble guère prêter attention aux protestations de Pip. La découverte maladroite de Pip semble avoir réellement bouleversé Roman qui l’a prise à cœur, comme une flèche logée en plein torse. Cette détresse visible l’amadoue après l’avoir déconcerté, et il tâche de ne pas couper son interlocuteur, malgré sa prédisposition naturelle à l’interruption. Tout juste s’autorise-t-il à crisper les doigts de sa main captive, à jouer doucement de son index contre la paume de Roman, pas pour la libérer, mais pour signifier à Roman qu’il comprend et accepte ce qu’il est en train de lui dire. C’est une manière de lui témoigner un peu de la tendresse dont il assortit normalement chacune de ses paroles et chacun de ses gestes.

La main libre de Pip se pause avec beaucoup de douceur et de prudence sur celles de Roman. « Tu n’étais pas taré hier soir, mais je crois que tu es en train de le devenir là. » se moque-t-il à mi-voix, presque comme s’il ne voulait pas que Roman l’entende, et surtout pour se cacher des autres. Il revient vite à son volume naturel quand un petit rire amusé s’échappe d’entre ses lèvres. Il poursuit : « Je ne sais même pas pourquoi tu t’excuses. Tu es genre… la victime en fait. » Pip conserve une légèreté dans son ton, même s’il est en train d’accepter la responsabilité de ses actes. Il remonte ensuite sa main qu’il passe dans les cheveux de Roman pour les remettre en ordre, toujours aussi familier à l’outrance comme si les deux hommes se connaissaient depuis des siècles. Roman ne semble pas plus rassuré ou calmé, alors Pip prend les mesures qui lui semblent nécessaires, libère ses deux mains et après les avoir posées sur les poignets de Roman, tire fermement vers lui. « Ecoute-moi bien, quand je te dis que je suis désolé, c’est sincère, un point c’est tout. Clairement, j’ai fait quelque chose qui t’a fait du mal, ce n’était pas mon intention, et je n’ai pas du tout envie de te voir te mettre dans de tels états à cause de ça. » Pip entreprend alors lentement d’enlacer Roman avec toute la délicatesse qu’il est en mesure de conjurer. « Tu es vraiment un grand malade. » L’audace, venant de Pip, dont le sang chaud est imprégné de nombreuses substances médicales visant à le rendre un peu plus stade, un peu moins ultra.

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⟣ soir iv ⟢

Les pupilles qui vacillent de l’esthétisme de ce faciès pour retomber sur ses propres mains. A présent entièrement recouverte par celle du nouvel aventurier. Le geste est imprégné d’une douceur et d’une tendresse déconcertante. Les roses lèvres s’étirent à nouveau progressivement, le soulagement décontractant ses épaules. « Tu n’étais pas taré hier soir, mais je crois que tu es en train de le devenir là. » Il tend l’oreille, Roman. Peu sûre d’avoir tout saisi. Est-ce qu’il vient de lui dire qu’il devenait taré ?
Les sourcils grimpant vers le ciel, sa surprise éloquente sur ses traits. Les pommettes s’immolant, d’avantage s’empourprant.

Mais il se met à rire, Pip. De cette hilarité qui vient gentiment châtier. Lui, il ne sait plus vraiment sur quel pied danser. Est-ce qu’il veut lui dire qu’il est tout pardonné ou qu’il a une nouvelle fois trouver le moyens de dépasser les bornes ? Il lui demande, non, lui implore tout simplement de lui pardonner son excès. « Je ne sais même pas pourquoi tu t’excuses. Tu es genre… la victime en fait. », il sent seulement sa tête négativement se secouer. Il n’a pas l’impression d’avoir été victime de quoi que ce soit. La réaction qu’il lui a confronté était à son sens disproportionné et il avait besoin qu’il comprenne qu’il regrettait.

Peut-être qu’il allait protester ou se répéter mais le géant a relâché ses mains à présent pour l’élever vers sa figure… sa chevelure qu’il vient délicatement brosser. Il a penché sa tête Roman, face à tant de familiarité. Comme s’il ne s’était pas rencontré hier, comme s’il avait déjà vécu une vie antérieure où ils se connaissaient. Une chose est certaine, il l’a totalement distrait de son intérêt.

Ses iris le poursuivent, le transpercent. Comme s’il n’avait qu’à le regarder pour percer à jour tout ses secrets. Qu’est-ce qui faisait de cet homme, la personne qu’il était ? Mais ça ne lui déplaît parce qu’il comprend bien qu’il est tout pardonné. Il ne serait pas aussi tendre avec lui, si ça n’avait pas été le cas, pas vrai ?
Pas vrai ?

Pip vient une fois encore, totalement le perturber. Ses deux poignets entre les mains du jeune américain l’attirent brusquement hors de chaise pour l’attirer à lui. Poupée de chiffon extrait sans grand effort. Il en perd son équilibre, Roman. Ses nombreuses consommations et ce garçon le rendant instable sur ses appuie. La force qu’il exerce le fait totalement basculer en avant, subitement dégringolant sur ses genoux.
Comment est-ce qu’il a fini par atterrir, ici ? A quoi est-ce qu’il joue, Pip ?

Il se demande s’ils se connaissent, Roman. Si son véritable affront n’a pas été de l’oublier… ?

Mais il n’en a pas le souvenir…
Ironiquement.
Il est à peu près certain qu’il n’a encore jamais rencontré personne qui lui ressemblait. Ce spectre topaze qui se dégage de sa personnalité vient inlassablement évoluer vers des teintes complémentaires ou totalement à l’opposé. Le rendant incapable de si aisément le cerner. Qui est ce garçon si particulier ? Le mystère entier vient l’intriguer. Amouraché son insatiable et sempiternelle curiosité.

«Ecoute-moi bien, quand je te dis que je suis désolé, c’est sincère, un point c’est tout. Clairement, j’ai fait quelque chose qui t’a fait du mal, ce n’était pas mon intention, et je n’ai pas du tout envie de te voir te mettre dans de tels états à cause de ça.», ses bras sont doucement venu vers le tour de sa personne. Totalement, entre ses bras, il se sent entièrement disparaître. Contre son être, il peut sentir résonner son timbre. C’est à ce point qu’ils sont proches.

Il a levé sa figure pour le regarder. A cette distance, leurs souffles s’entremêlent. Sa fragrance venant l’imprégner complètement. Il se sent fondre dans le creux de ses bras.
Mais il ne comprend toujours pas ce qu’il fait ici, comment et pourquoi est-ce qu’il à atterrit, là.

Rare sont ces fois où il reste sans voix.
Le cœur cognant trop fort pour s’entendre penser.

« Tu es vraiment un grand malade. », lui ? Il est vrai qu’on le lui a déjà dit mais à cet instant, il n’a pas l’impression d’être seul.

Alors il s’efforce de sortir de sa torpeur, levant sa main à son tour pour repousser de cette magnifique figure anguleuse, quelques mèches de ses doux cheveux. Son sourire est revenu étirer ses lèvres et bientôt, c’est son soulagement et son hilarité qui vient le secouer. « Tu es bizarre. », il lui intime. Pour autant, il n’y a aucun jugement dans ses propos. Il remarque simplement sa singularité. « J’aime bien le bizarre. », il ajoute toutefois pour qu’il le comprenne Pip qu’il n’avait rien à se reprocher au contraire. Sa personnalité au milles couleurs et facettes vient le prendre à contre-pied. Il vient l’amuser, quelque part, le stimuler.

Ce qui semble certain, c’est qu’avec ce nouvel aventurier, il ne risquera pas de s’ennuyer. Et à présent, ils pourront partir, il l’espère du bon pied. Mais assit sur les genoux de cet inconnu, emprisonné au centre de ses bras. A cet instant, il n’en doute pas.

Il tend sa main. « On en parle plus. Je ne t’en veux pas, tu ne m’en veux pas et il y a eu beaucoup plus de peur que de mal. Tout le monde s'en sort bien. Faisons la paix!! », cette main semble obsolète ainsi loger sur ses jambes. « Et devenons super copains! », comme en maternelle.

( C ) NOCTEM

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Lové contre Roman, Pip s’attendrit progressivement à mesure que les secondes passent battement de cœur après battement de cœur, et les chamailleries de la veille paraissent déjà bien vaines, elles qui s’effilochent bien vite depuis quelques instants. C’est presque comme s’il ne s’était rien passé. Et pourtant, Pip a bien conscience que quelque chose s’est produit, quelque chose qui explique la réaction outrancière de Roman, l’application qu’il a mis à éviter Swango pendant quarante-huit heures, et il n’oublie pas cela, même pendant ces moments de réconciliation. Les efforts de Pip semblent peu à peu porter leurs fruits et Roman se détend, il peut le sentir tant ils sont physiquement proches. Le jeune homme en vient même à oser une plaisanterie que Pip accueille avec un air interrogateur. « Bizarre ? » Bizarre, se questionne-t-il en écho – ce commentaire n’est pas une surprise, ni inédit, mais il le prend toujours de court. Il vit avec la sensation d’être d’une banalité folle, et pourtant le voilà encore qualifié de ‘bizarre’ sans qu’il sache ce qu’il a fait pour le mériter. Il ne s’en offusque pas pour autant. « Si tu aimes le bizarre, je continuerai de l’être alors. Même si je ne sais pas ce que j’ai fait ou dit de bizarre. » rétorque -t-il d’une voix rieuse. Le regard flou de Pip n’observe rien de bizarre dans cette scène, dans leurs rapports oscillant entre le froid glacial et l’excessive chaleur. Mais si c’est le diagnostic qu’émet Roman à son sujet, il s’en accommode, quoiqu’il n’ait aucune intention de changer de comportement pour autant.

Puis, sans rien dire d’abord, il attrape la main tendue et la serre avec un grand sourire aux lèvres, signant ainsi la déclaration de paix et de concorde entre Roman et lui. Enfin une bise vient dissiper les anxiétés, déposée sur la joue de Roman avec une familiarité exagérée et un brin d’embarras pour tant d’effusions. « Marché conclu, » acquiesce-t-il en relâchant son étreinte, répondant sur le même ton à l’injonction enfantine proposée par Roman, « à une seule condition : que tu partages ce joint que tu agites sous mon nez depuis toute à l’heure. » Si par malheur les tensions ne s’étaient pas complètement évaporées entre Pip et Roman, le plaisir partagé de l’évasion artificielle devrait achever de mettre derrière eux le premier chapitre malencontreux de leur relation.

[rép. ultra courte et rapide histoire que tu aies quelque chose en rentrant du travail hug

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⟣ soir iv ⟢

« Bizarre ? » L’interrogation dans le regard de son interlocuteur le pousse à mordiller nerveusement sa lèvre inférieure. Un peu plus de carmin venant teinter ses joues d’ores et déjà cramoisies. Le mot est loin d’être adéquatement choisi. Conscient que chez la plupart des gens ce mot n’est pas un compliment. Mais il lui précise bien que pour lui en tout cas, c’est le cas. Il a un faible pour ces personnes qui sortent du carcan non qu’il n’aime pas ceux qui n’y parviennent ou n’en ressentent le besoin. Tout le monde peut avoir ses préférences et pour Roman, son âme s’est toujours attirée pour ces êtres particuliers, singuliers. Ces personnes qui venaient faire exploser leurs couleurs en se fichant totalement des opinions ou des conséquences. Ces oiseaux volant vers leurs libertés savaient toujours venir le charmer. « Si tu aimes le bizarre, je continuerai de l’être alors. Même si je ne sais pas ce que j’ai fait ou dit de bizarre. » Un soupire hors de ses lèvres, le palpitant reprenant quelques peu leurs battements. Une fois encore soulagé de rester sur ce bon pied sur lequel, ils semblent s’être stabiliser. Et les dires de Pip viennent même redoubler son hilarité. « Peut-être que c’est normal pour toi de prendre sur tes genoux toutes les personnes que tu rencontres mais moi, tu es mon premier. », personne avant lui ne s’était montré aussi familier avec lui. Et ce ne serait surement pas arrivé là où on l’a élevé. Et malgré tous les voyages entreprit, toutes ces personnalités rencontrées au fil des années. Il est vrai qu’il n’a encore rencontré personne comme lui. « Continue à être qui tu es. », il n’y a que cette façon qu’il a trouvé bon d’exister.

« Marché conclu, »Leurs mains à nouveau liées. En contrepartie, ce sont ses bras autour de sa personne qu’il perd. « à une seule condition : » Comment ça ?! Ses prunelles viennent à s’écarquiller quelque peu. Il pensait réellement que cette poignée de main, après la discussion qu’ils venaient d’avoir et cette étreinte qu’ils seraient en paix. « à une seule condition : que tu partages ce joint que tu agites sous mon nez depuis toute à l’heure. » Et ils le sont ! A nouveau, il se sent soupirer. « Tu vas me rendre cardiaque, Pip. », une paume sur le cœur, l’artiste retrouve son hilarité et ses deux pieds sur le sol. Il s’élève de ces genoux hospitaliers qu’il est venu emprunté quelques minutes pour retrouver sa chaise de camping. Après s’être penché pour ramasser une nouvelle fois son carnet à dessin et son crayon qu’il repose encore une fois sur ses genoux. Il récupère du cendrier à ses pieds ce début de joint entamé. A ses lèvres pour laisser les flammes de son briquet rose bonbon venir lécher et embrasé le cône. Une longue bouffée de passage aspirée avant de le lui tendre. « Le calumet de la paix, hmm ? », s’il ne peut s’en passer de sa dose de thc, partager autour d’un instant convivial est toujours mieux apprécié. Lui, il a repris sa bière bien entamée pour déglutir quelques gorgées. « T’habites ici, pas vrai ? », il n’en est pas certain. Pip aurait pu monté ici comme ailleurs sans pour autant être un résident de la ville. Tout comme lui, à New-York-City mais c’est ce qu’il lui semble avoir compris. L’oreille trainant parfois, recueillant quelques informations ci et là. « Tu me fais visiter ton endroit préféré ? », ses orbes chocolatés sont déjà en train de l’implorer.

( C ) NOCTEM

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Chaque parole prononcée par Roman est empreinte d’une douceur presque angélique qui contraste avec la force de sa réaction de la veille, ce qui ne fait que conforter Pip dans l’opinion qu’il s’est formée de son nouvel ami : c’est un jeune homme gentil et c’est lui, Pip, qui est responsable de la réaction négative qu’il a eue un jour plus tôt. Il se promet donc d’agir avec un peu plus de modération que de coutume lorsqu’il s’agit de Roman. Il ne veut pas être responsable d’autres excès de comportement, d’autant plus s’ils tous assortis d’autant de remords et de contrition que ce dont Roman a fait preuve quelques instants plus tôt. Pip tâche donc de s’assagir, de lisser un peu ce « bizarre » qui a effarouché Roman la veille et calme du mieux qu’il peut son corps nerveux et son tempérament bouillonnant. Il se joint quand même aux rires de Roman, participant avec lui à cette hilarité qu’il a provoquée malgré lui, puis il acquiesce d’un signe de tête, et fait amende honorable. « Tu as raison. C’est un peu bizarre. Et excessif. » Il garde le silence la forêt hystérique cachée par l’arbre bizarre, sur ses habitudes, son comportement tactile à l’outrance, les soirées folles et enivrées durant lesquelles Pip distribue ses affections à n’importe quel bipède qui le regarde d’un œil à demi-lubrique. Il en aurait honte, si seulement il se souvenait des détails. Faute de mieux, il les tait, et laissera Roman le juger le moment venu, comme tout le monde le fait.

La panique visible de Roman qui succède à l’offre de paix formulée par Pip provoque chez ce dernier un éclat de rire franc qu’il ne peut pas réprimer à temps, rompant aussitôt son engagement secret d’être moins extra. Roman réalise bien vite la légèreté de la proposition et se met à rire lui aussi, au plus grand soulagement de Pip qui ne le quitte pas du regard pendant qu’il quitte ses genoux. « Désolé ! On va prendre soin de ce petit cœur alors. » s’amuse-t-il pendant que Roman fouille dans ses affaires. Le joint est rallumé, aspiré puis passé à Pip qui le prend avec un sourire en guise de remerciement. « Exactement. Non pas qu’il y ait eu une guerre avant… Juste un vilain malentendu, un pied mis dans le plat… » Il minimise, volontairement, se défausse mécaniquement de ses responsabilités, pour que Roman ne puisse pas lui en tenir rigueur plus tard. A son tour, il tire une bouffée du joint qu’il laisse trainer dans sa gorge pour en absorber la substance. Le temps pour lui de réfléchir à la réponse qu’il peut donner à Roman.

Pour la première fois, Pip fuit activement le regard de Roman. Il troque son extravagance pour de la nonchalance. Il lâche un « Ouais. » lapidaire qu’il espère suffisamment bref pour que son nouvel ami perde tout intérêt mais Roman poursuit, et ose lui demander de l’emmener visiter les lieux. Pip n’a pas envie qu’il découvre cette partie-là de sa vie, en tout cas pas aussi tôt, à peine scellé leur nouvelle relation. Il veut garder sa haine et rancœur pour lui, comme pour ne pas propager cette odieuse maladie. Mais il est désarmé face au jeune homme qui se tient devant lui avec la gentillesse qui le caractérise, et il fond. L’épée posée à ses pieds, Pip accepte. « Je te préviens, ce n’est pas une ville très intéressante, » dit-il avant de prendre la main de Roman qu’il sert fort, pour se donner égoïstement un peu de courage. « Et je n’y ai pas vraiment d’endroit préféré, à part la plage que tu as déjà vue. » Pip tire doucement sur la main de Roman, et l’entraine derrière lui à l’écart de la vie bruyante et animée des trois bus échoués sur le parking. Il inspire une nouvelle bouffée du joint, le rend à Roman et poussé par un élan de franchise, ose : « Pour tout te dire je déteste cette ville. Donc je ne sais pas trop ce que je vais te montrer… La maison où j’ai grandi ? » Il ose cette confidence parce qu’il se dit que personne ne peut l’entendre, que Roman ne s’en souviendra peut-être pas s’ils boivent et fument toute la nuit.

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