PORTRAITS ENSOLEILLÉS. libre.

La première escale. La nuit sur la route a été agréable. Elle n’est pas sûre que ça a été le cas pour tout le monde, mais San a toujours eu cette capacité étrange (et énervant dans certains cas) à s’endormir au quasi démarrage de n’importe quel quatre roues. En voiture, elle peut passer des trajets entier, qu’ils soient de quinze minutes ou de quatre heures à dormir. Elle s’en réveille souvent avec des courbatures qui durent deux jours mais au moins, elle voit pas le temps passer. Puis, quand elle dort pas, elle à le mal du transport alors à choisir, l’un vaut mieux que l’autre.
Elle a passé une bonne partie de la journée à jouer avec le doberman à côté du bus et a pas trop osé, voulu sortir encore. Elle devrait, et y’a probablement pleins de choses à voir mais elle a pas vraiment envie d’y aller seule. Elle saurait pas quoi faire. Puis. Le doberman…

Ce n’est que lorsque le chien s’en va qu’elle se décide à faire quelque chose. Elle a fort envie de retourner dans le bus et de se rallonger avec sa liseuse mais trouve quand même la motivation et la force mentale d’ouvrir google pour regarder un peu le coin et ce qu’il y a à faire.
Une ville portuaire. Elle pourrait se balader sur le port avec ses écouteurs dans les oreilles.
Elle a toujours trouvé un certain réconfort à avoir le vent dans les cheveux. Elle pourrait se mettre sur au bout d’une jetée et fermer les yeux. Ça la calme, parfois.

Décision prise, elle se retrouve vite au port.

Et pas loin devant elle, une artiste. Elle s’approche, regarde ce qu’elle fait et sourit. Quand elle était petite, elle a souvent fait des caricature. Elle trouverait probablement ça beaucoup moins drôle maintenant. Mais quitte à faire quelque chose de drôle, autant que ce soit une caricature et pas un portrait. Au moins, le premier est censé être drôle.

Elle s’avance un peu timidement de la jeune femme, elle est belle. Elle est classe. Elle a l’air si sûre d’elle et de son art. Elle la trouve un peu fascinanate. “Salut. C’est…vraiment magnifique.” Elle  finit par lui demander si elle peut avoir une caricature pour l’envoyer à sa mère. Elle se rétracte juste après avoir fait la demande. “Ou pas, je sais pas… Tu fais autre chose que des portraits du coup aussi ?” qu’elle lui demande. Elle va lui acheter quelque chose. Probablement. Mais peut-être pas avec sa tête dessus.
Sa tête est pas très intéressante de toute façon.

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@jo lane

Le portrait qu’elle observe a presque un style manga. Elle trouve ça joli, vraiment joli. Elle se demande c’est qui, la personne sur la peinture. On dirait plutôt une garçon, même un petit garçon. Un garçon tellement doux, tellement angélique, tellement délicat qu’il ne semble même pas réel. Elle se demande s’il l’est, ou s’il est sorti tout droit de l’imagination de l’artiste. S’il est réel, elle est triste de ne pas l’avoir rencontré. Enfin, ce serait pas la première fois qu’elle regretterait de pas avoir pu rencontrer quelqu’un en vrai. Rien que tous les personnes des bandes dessinées qu’elle a pu lire ou même des anime qu’elle a pu voir. Tous les personnages de séries avec qui elle adorerait avoir des conversations. Et les personnages hein, pas les acteurs. Elle entend la voix derrière elle lorsqu’elle lui parle de roses blanches et de halo lilas.
Ouais…
Elle sourit, essayant de comprendre où elle veut en venir. Finissant par se dire qu’elle est juste un peu bizarre. Mais c’est son art après tout, elle doit savoir de quoi elle parle.
En tout cas, voir le portrait du garçon la conforte dans l’idée de ne pas faire de portrait, ni de caricature. Elle semble avoir l’habitude des sujets magnifiques… Ou peut-être juste n’expose-t-elle que les visages qui font vendre. Ça lui paraitrait logique. Personne n’irait exposer son visage pour faire vendre des portraits. En le faisant passer pour une caricature, à la rigueur. Et encore.

Elle lui répond tendrement avec un grand sourire. Lui explique, en très résumé, que tout est possible. Elle lui propose de s’attarder sur son corps et moins sur son visage et, oh grand dieu non, ce serait encore pire. Elle doit avoir des restants de ses kils perdus, des plis un peu partout et elle veut surtout pas un dessin de ça. Elle a déjà du mal avec les photos, de base. La seule chose qui la convainc et qui l’a toujours convaincu sont ses yeux et sa bouche. À la rigueur un portrait de son visage où on voit que ça, why not, mais vraiment tout le reste vaut pas la peine d’être immortalisé.

Elle lui propose, sinon, de reproduire une des oeuvres en petit format et, pourquoi pas vraiment. Elle regarde autour d’elle et il y a tant de belles oeuvres, tant de beaux tableaux. Elle sait pas si elle les veut, cependant. Aucun ne l’appelle réellement. Puis si c’est pour sa maman, elle veut lui donner quelque chose de personnel. Elle connaît sa mère, recevoir le portrait d’un inconnu, ça va la faire tiquer et ça va surtout pas l’intéresser plus que ça.

Elle reste hésitante quelques secondes, bougeant sa bouche de gauche à droite, signe clair chez elle de réflexion avant de se lancer sur sa demande peut-être un peu étrange. “Je pense pas que enfin, j’veux bien un portrait.” Elle réfléchit juste le temps de voir comment formuler sa demande. “Juste, si c’est possible, et si ça l’est pas vraiment, c’est ok pas de soucis, je comprendrais, mais j’aime pas trop mon visage ? J’aime pas trop grand chose chez moi en vrai.” qu’elle dit en rigolant. Rire aide toujours à faire passer des réalités comme celles-ci. “Du coup c’est possible de” Ses mains s’agitent, montrent son visage, ses yeux, ses lèvres. “De se concentrer que sur les parties, enfin, les moins pires ?” Pas belles, jamais belles. Moins pires juste. “Mais vraiment si c’est pas possible, bah c’est pas grave, je prendrais une reproduction.” Elle attend, finalement, les mains attachées ensemble devant elle, comme un accusé qui attend sa sentence.
Tout ça pout ça, franchement.

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@jo lane

Elle sait qu’elle en fait des caisses. Elle a peur de réellement emmerder la pauvre artiste de rue qui probablement attend des clients normaux pour faire son job. Elle doit lui faire perdre son temps et Sanyu est à deux doigts de juste lui dire au revoir et de partir. Mais elle peut pas. Elle peut pas parce que justement, elle lui a fait perdre du temps, si en plus elle lui achète rien… Elle pourrait lui acheter une reproduction, elle pourrait s’arranger pour compenser le temps perdu et lui en acheter plusieurs même, après tout. Elle aime pas vraiment ll’idée d’avoir son portrait de toute façon, même si c’est pour sa mère. C’est quel sorte d’ego trip, de se faire faire un portrait, sérieux ? Puis ses autres oeuvres sont si belles. Cette fille a l’habitude de dessiner des choses, des personnes, des sujets si beaux, si jolis qu’elle va s’emmerder à la dessiner elle.

Pourtant, la jeune femme lui répond et plutôt vite. Tout est possible. Est-ce que tout est réellement possible ? Elle se rend compte qu’elle ne la contredit pas. Parfois, Sanyu a besoin qu’on la contredise, qu’on lui dise qu’elle est bête de penser ça, qu’elle est jolie. Elle n’y croit jamais, mais ça lui fait du bien en général de l’entendre, ça la fait sourire. Elle ne lui a rien dit, est-ce que ça veut dire qu’elle est d’accord avec elle ? Et bien, ça ferait une personne d’honnête, au moins. Produire quelque chose qui lui plaît. Ah ! La blague. Ouais, vaut mieux vraiment pas qu’elle la dessine alors. Elle suit la jeune femme pourtant. La proximité avec le moment ego trip lui fait presque oublier d’un coup tous ses questionnements. Elle va se faire dessiner. C’est si cool.

Lorsqu’elle lui tend l’oreiller, elle le prend avec un simple “merci” à peine assez fort pour qu’elle l’entende et s’assoit sur le tabouret. Elle s’assoit, comme elle s’assayait dans ses premières années d’écoles. Droite (malgré le mal de dos que ça lui produit), le regard devant elle et les mains rejointe sur ses cuises devant elle, attendant une quelconque indication de comment elle devra se mettre. “Ça va, merci” qu’elle répond à l’artiste lorsqu’elle lui demande si l’oreiller lui suffit.

Et là voilà qui lui propose de la dessiner en ajoutant des choses au portrait. Elle lui montre une autre toile qu’elle a fait, plus tôt. Qu’elle est jolie. Qu’elle aimerait pouvoir être aussi jolie que cette fille sur la toile. Elle hoche la tête, autant pour lui indiquer qu’elle a vu le tableau qu’elle lui propose que pour lui dire que c’est une bonne idée. Ce que Sanyu remarque en premier lieu sont les grands yeux sur le dessin. On ne voit presque que ça. Et ça lui convient parfaitement.

Réarranger ses cheveux et se mettre dans une position confortable, ça elle peut le faire. Elle se met d’abord dans une position qu’elle sait agréable et dans laquelle elle pourra rester longtemps. C’est souvent cette position qu’elle prend lorsqu’elle sort sa liseuse et qu’elle a pas de dossier pour s’appuyer. Les jambes presque en tailleurs mais pas complètement, les genoux légèrement levés vers le haut et les bras qui enserclent ces mêmes genoux pour l’empêcher de partir en arrière, la mettant dans un équilibre parfait sur le tabouret. C’est une position étrange pour quelqu’un qui n’est pas habitué, comme elle l’est, à s’assoir dans les positions les pires pour le dos, mais de toute façon sont dos est déjà complètement défoncé alors ça de plus ou de moins…

Pour ses cheveux, elle passe juste la main dedans pour rabattre l’un des côtés sur l’autre et les coincent derrière ses oreilles. Et elle sourit, un peu gênée. Elle est plus du tout droite, et refuse par conséquent de se mettre de profil, de peur que l’artiste voit en plus son affreuse bosse qui la fait ressembler à quasimodo. Enfin, elle finit par répondre pour les couleurs et le thème. “Hm, j’aime beaucoup les couleurs pastels, de façon générale. Le teal et le rose surtout. Et pour le thème..;je sais pas… J’aime bien les animaux ? Mais pas les insectes. Typiquement, pas fan des papillons.” Elle rigole légèrement. Pas comme le rire auto moqueur du plus tôt. Un vrai rire. Elle sait pas si l’artiste a déjà rencontré quelqu’un qui n’aimait pas les papillons. “Thème licorne, ça peut être cool.” qu’elle ajoute enfin, un nouveau rire. Elle est un peu gênée quand elle s’arrête de rire et se râcle la gorge en baissant les yeux.

Damn, qu’elle peut être pas douée socialement, sérieux. Un vrai désastre.

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@jo lane