Могила(solo).

Date d'inscription : 19/07/2023

(( 16/02/2022 ))

✷ Могила✷

ft. solo (+épouse)(+2nd gosse)

— L’horloge qui ne fonctionne plus, et le temps qui suit. Les jours succombent les uns aux autres, et ses repères les uns sur les autres. Les flashs des charognards se percutent lourdement contre le tissu opaque tandis que leurs suppliques tonitruantes transpercent les vitrines derrières. Quolibets tranchants, invectives justifiées. Elles se faufilent dans la pièce ; faucheuses avides, canines aigues festoyant sur les miettes de la maigre estime de l’ex-flic.

Carne trainassée jusqu’à portée de l’instrument en feu. Arabesques claires, envoutantes et reposantes, se tassent sous le sifflement autoritaire de l’objet. Notes de harpies flottantes dans l’espace du huis-clos cuisinier ; le nuage s’extirpant du bec de la bouilloire n’était pas très dense et d’une mystique couleur laiteuse qui contrastait avec les tons sombres de l’orage qui secouait sa compagne. coupelles sombres accrochées au liséré des paupières, santé de nymphe viscéralement éprouvée par les us juridiques. Guérilla syllabique brûlante à chaque bout du fil, vaillante, protectrice, elle se battait pour son honneur. un champ de mines qu’il avait lui-même déserté. terre inféconde qu’elle s’efforçait désespérément de germer et de pétrir. oh, elle était merveilleuse. et plus encore. leur relation représentait un blasphème à la méritocratie. Il le savait. Et pourtant, le premier badaud aurait pu témoigner de son ingratitude, de sa négligence.

Il ne pouvait nier qu’il se complaisait dans ce rôle du spectateur, en retrait. Trop épuisé pour se défendre, pour tenter de réparer l’irréparable. La lassitude le tenait entre ses crocs. Et il était en colère. Contre les plantes. Contre lui-même. Contre sa bêtise. Contre le cinglé. Contre les victimes. Contre les familles. Contre Dieu et tout le monde. Entier. Sans épargner personne. Sauf elle. Et par-dessus tout, c’est ce qui l’irritait le plus.

au coin de l’œil, une jambe frappant passivement le vide. propriétaire voutée sur une pile de marches, otage d’un boitier rectangulaire. un train infini de dopamine reflété sur ses mirettes adolescentes vides de sorgue. caspeus chérit les rares instants où ces pupilles rendues inexpressives par la monotonie et l’obscurité gouvernant l’habitat, s’illuminent encore. silhouette rondouillette suspendue au-dessus du vide, hémoglobine partiellement jumelée à la sienne. présente absence qui le rendait nauséeux.

conduite si bienveillante, si hors de caractère. il redoutait ces épisodes, ceux où les lippes de l’enfant esquissaient le simulacre d’un sourire, une grimace suintante de compassion. à chaque démonstration de tendresse de la benjamine, sa dignité se crispait. le thorax se contractait. Tout était plus simple lorsqu’elle crachait son venin pubère, lorsqu'elle dévoilait sans détours ses émotions ardentes. Il préférait sa gosse aveugle et renfrognée. Ignare et désintéressée de la personne qui se dissimulait sous le titre de père, une personne qu’elle ne le percevrait comme fragile ou une énigme qui l'invitait à creuser.

Capharnaüm broie, et broie, et broie.
Frustration.
Amas de membres conformistes.
Pantin.
Et la psyché.
Psyché qui dessine.
Qui lui fait miroiter,
une porte.

( C ) NOCTEM